Lorsqu'ils dispensent leurs leçons de cinéma, les gourous hollywoodiens du scénario évoquent sans cesse la suspension consentie de l'incrédulité. Il s'agit de laisser au spectateur l'occasion de considérer la situation qu'on lui propose comme à peu près plausible. Ces mêmes théoriciens devraient se pencher de toute urgence sur Warrior, cas d'étude extrême qui exige un surhumain désir d'y croire pour le subir jusqu'au bout.
Dès la mise en place, l’envie de fuir à toutes jambes saisit quiconque a déjà vu deux ou trois films sur l’univers de la boxe. Un vieil entraîneur d’origine irlandaise (il porte une casquette et il est alcoolique repenti) retrouve ses deux fils. L’un est un ex-lutteur prodige qui a mal tourné (il est costaud, taciturne et porte un bonnet enfoncé jusqu’aux paupières). L’autre est un professeur de physique que ces salauds de banquiers menacent de mettre à la rue avec toute sa petite famille. Entre ces trois-là plane un solide contentieux mais quelque chose nous dit qu’ils vont surmonter, quoique difficilement, leurs vieilles querelles.
Tout en réglant leurs comptes à coups de répliques écrites au burin, le prof et le balèze, accessoirement héros de guerre, parviennent l’un et l’autre à s’inscrire dans le plus grand tournoi mondial de MMA, qui n’est pas une compagnie d’assurance ayant fait sienne une vieille chanson de Princess Erika, mais une sorte de sport de combat d’une rare sauvagerie. Une alternative s’offre alors à la suspension d’incrédulité co