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Critique

«La Fée» scoot toujours

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Havre . Le troisième long métrage du trio Abel, Gordon et Romy conte la vie chahutée de personnages candides dans un univers décalé.
"La Fée" invente le rétroviseur humain. (Laurent Thurin-Nal.)
publié le 14 septembre 2011 à 0h00
(mis à jour le 14 septembre 2011 à 11h05)

Elle porte jogging rose et cheveux roux, et apparaît un soir pluvieux, sans sac, dans un petit hôtel du Havre ; déboussolée, ou plutôt animée par un champ magnétique propre, avec un air d'ailleurs. «Je m'appelle Fiona, je suis une fée.» Les présentations à Dom, veilleur de nuit, pour être incongrues, n'en sont pas moins rapides et efficaces ; la démonstration n'attend pas : Fiona accorde trois vœux à Dom. Lequel tombe éperdument amoureux.

Bouchon. Les précédents longs métrages de Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy, l'Iceberg et Rumba, contaient les aventures de Dom et Fiona, alter ego fictifs de leurs concepteurs. Ici, cette rencontre aux allures de coup de foudre est le point de départ du scénario. Mais la Fée, présentée à la Quinzaine des réalisateurs, ne cède rien à la mièvrerie. Fiona et Dom sont deux êtres borderline, touchants par leur fragilité et leur détermination à être heureux, malgré les obstacles qui se dressent sur leur route. Leur maladresse, à laquelle fait écho celle de leur entourage, confine à l'absurde ; son ressort comique écarte tout accent pathétique.

Car si la Fée est un conte, c'est aussi une comédie. Le ton est burlesque, gaguesque parfois. Dom s'étouffe avec un bouchon qui s'est glissé dans son sandwich, le patron du bar l'Amour flou a deux culs de bouteille devant les yeux, et un pensionnaire de l'hôtel, célibataire anglais cleptomane, se lance à la recherche de son chien perdu. L