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Libération
Interview

Elle et Louis

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Muse lumineuse du ténébreux Philippe Garrel, Monica Bellucci revient sur l’expérience radicale d’«Un été brûlant», au côté de Garrel fils.
publié le 28 septembre 2011 à 0h00

Sur le coup, on ne pense pas au film. On est concentré sur la situation. Elle a toutes les apparences d'une situation classique : un rendez-vous dans une suite au premier étage d'un soi-disant palace parisien, les matériels mélangés d'une équipe de télévision, de photographes et d'une maquilleuse qui jonchent de sombres petits salons en enfilade, et des journalistes qui se croisent, fument une clope, patientent autour d'un café. Au bout du couloir, la porte fermée de la chambre dans laquelle l'actrice donne ses entretiens. Tout cela sonne peut-être romanesque, mais ces scènes appartiennent au plus banal train-train de la profession. Pourtant, ce jour-là, cette situation avait un goût étrange, non seulement en vertu de l'actrice, Monica Bellucci, mais aussi, et peut-être surtout, à cause du film dont elle est ici la messagère, Un été brûlant, de Philippe Garrel.

La question n'est pas tellement de savoir s'il y a quelque chose qui jure entre les luxueuses conditions classiques faites à toutes les stars contemporaines et le format artisanal-radical du cinéaste dont le dernier film, comme tous les précédents, témoigne (la réponse serait oui et alors ?). L'étrangeté tient plutôt au fait que, dans ce dispositif contradictoire, on a le sentiment de retrouver sans le reconnaître et de vérifier sans le comprendre ce que l'on a pu éprouver en voyant la créature Bellucci évoluer sous le soleil d'Un été brûlant. Le rôle qu'elle y tient est celui d'une star, et