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Libération
Critique

Panahi en caméra cachot

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Interdit d’exercer, le réalisateur iranien contourne les censeurs en se filmant chez lui.
publié le 28 septembre 2011 à 0h00

Si ceci n’est pas un film, ceci n’est pas non plus du gâteau : c’est sous la forme d’une clé USB fourrée dans une pâtisserie envoyée d’Iran à un intermédiaire qui l’a confiée à son tour au Festival de Cannes que nous est arrivé le nouveau Jafar Panahi. Un film qui, nous dit son titre, ne saurait être tout à fait un film, dans la mesure où, pour des raisons indépendantes de sa volonté, il n’est plus du tout rattaché aux modes de production habituels. Comment en serait-il autrement ? Panahi est ce cinéaste iranien condamné, en décembre 2010, à ne plus exercer son métier pour les vingt ans à venir. Il attend aujourd’hui son procès en appel. Pour l’instant, il n’a plus le droit d’écrire de scénario, de mettre en scène des acteurs sur un plateau ou dans une rue, de toucher une caméra.

Point nodal. Ceci n'est pas un film est le récit face caméra d'un homme qui, à Téhéran, tourne en rond dans un appartement spacieux mais étouffant, car il est le lieu même de son annulation. En tant qu'artiste, en tant qu'homme, en tant que citoyen iranien que le pouvoir essaye, à l'usure, de castrer. Panahi ne peut pas filmer, mettre en scène ? Il demande à son ami le documentariste Mojtaba Mirtahmasb (on mesure le risque encouru, voilà un garçon qui ne plaisante pas avec l'amitié) de venir filmer une journée dans cet appartement - une journée témoin. Panahi parle, revoit des séquences de ses films, et, surtout, lit des extraits d'un scénario qu'il ne peut