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Libération
Critique

«Un été brûlant», saison en enfer

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Philippe Garrel scrute la passion déclinante d’un peintre et d’une actrice dans l’Italie mythique du «Mépris».
publié le 28 septembre 2011 à 0h00

On sait que Philippe Garrel entretient avec un soin jaloux son anachronisme permanent, qui lui fait parler de sa jeunesse en observant celles de son fils Louis et, de là, voir comment d'une génération l'autre les époques se frottent, se confondent, interagissent et se révèlent. L'Eté brûlant de Garrel est plutôt froid, semblable à sa tonalité bleue, évoquant la peinture italienne. Brûlant comme quoi, alors ? Comme la carcasse en combustion d'une voiture de sport menée tambour battant, et que portait vers le choc frontal Frédéric (Louis Garrel), homme éperdu, amoureux blessé, au figuré comme au propre, en pleine sortie de route. Troisième film de Philippe Garrel autour de son fils (après les Amants réguliers et la Frontière de l'aube), et troisième suicide… On peut s'inquiéter de ce rapport père-fils où l'autorité sacrifie systématiquement sa progéniture, mais dans la séance répétée de transsubstantiation dont fait preuve le cinéaste dès qu'il emploie son fils pour en faire la surface de projection de ses hantises, ce suicide tient surtout d'une mutilation qu'il adresse à lui-même : les films sont les endroits où se liquident les rêves. Et derrière eux, quelques vieux souvenirs. Alors peut-être faut-il ici entendre «brûlant» au sens de cramé. Cramé comme un amour entre un homme et une femme où, sans que l'on ne sache en général ni trop pourquoi ni vraiment comment, deux êtres qui s'aiment à la folie peuvent pousser leur passion à sa déréliction. Sur