Un regard bleu, parfois affolé, parfois assuré, une fragilité, un nom qui évoque un personnage de Truffaut. Il y a quelque chose de la toute jeune Adjani dans cette Adèle H là, dans cette jeune fille de 22 ans, à l’affiche de l’Apollonide de Bertrand Bonello et prochainement d’Après le sud de Jean-Jacques Jauffret.
Un mélange de concentration et d’engagement qui semble en permanence être à deux doigts de la bascule. Comme cette voix que l’on avait cru maintenue et qui, pour l’interview, dans un café parisien, s’est révélée pêchue et gouailleuse. Ou comme ce visage charnu qu’Adèle Haenel ne cesse de faire bouger, soutenant tour à tour le regard ou le fuyant. Et surtout ce refus de rentrer dans le chassé-croisé, quasiment saisonnier, des jeunes comédiennes et de préférer, quitte à devenir un fantasme, être celui d’une esthétique, d’une vision du cinéma. En somme, une actrice.
Des études aux tournages
Née à Paris, en 1989, d'une mère française et prof et d'un père autrichien et traducteur, elle a grandi à Montreuil, où elle vit encore. « Enfant, je faisais du théâtre, j'adorais jouer, imiter les gens, faire semblant d'être quelqu'un d'autre. De là à une scène de théâtre il n'y a pas une grande différence. » Son frère collégien est repéré et il passe un casting pour un film. Il ne sera pas pris mais la petite Adèle est invitée à faire un essai : « Je me souviens très précisément de ce moment-là. J'avais peur mais je me suis dit "autant essayer et si c'est nul de toute façon per