Après la Comédie-Française et le ballet de l’Opéra de Paris, le documentariste américain Frederick Wiseman s’invite au Crazy Horse. Pas de n’importe quelle façon évidemment. Il a profité de la présence du chorégraphe contemporain Philippe Decouflé, qui venait «remodeler» la revue, pour installer sa caméra aux points de jonction et de tension entre un certain conservatisme maison et l’envie de renouveler le genre du célèbre cabaret parisien. Le film n’est pas exhaustif, il cible ses belles de nuit, les suivant dans leurs numéros de charme, façon James Bond. La cambrure, le rond de la croupe, les talons aiguilles et la coupe au carré, marques de fabrique du Crazy, ont séduit le cinéaste.
Tabou. Le Paris touristique (la Seine, la rue, les cafés) sert d'environnement aux plans filmés à l'intérieur du cabaret et de sa scène, sans doute l'une des plus petites du monde, quasiment un théâtre de marionnettes. Frederick Wiseman n'a négligé aucune des activités qui régissent la vie interne de l'institution parisienne, des serveurs à la costumière, du metteur en scène au directeur artistique, de la danseuse nue au technicien lumière. Comme s'il effectuait un inventaire, il montre tout, met tout en images nettes, presque cliniques, en ombres chinoises aussi. Il ne cherche pas à faire un état des lieux, ni seulement à rapporter. Son regard de créateur ne le place pas non plus en spectateur, il intervient comme par effraction.
Une des scènes les plus drôles et emblématiques