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Critique

«Drive» : vroum service

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Nicolas Winding Refn offre une embardée démente avec le suave Ryan Gosling en chauffeur chauffé à blanc.
publié le 5 octobre 2011 à 0h00
(mis à jour le 5 octobre 2011 à 15h21)

On nous dit que la violence, dont ils sont les seuls dépositaires légitimes, fonde le socle de l’autorité des Etats. Dans le même ordre d’idées, il n’est pas exclu que le cinéma doive une bonne part de sa popularité profonde à la délinquance légitimée qui en serait l’œuvre tacite et la loi permanente.

Drive est un excellent exemple de cet exercice toujours périlleux qui consiste à rendre le spectateur complice positif d'un héros déchaîné à bon droit. Sur la tranche acérée de cet équilibre amoral, le film du Danois Nicolas Winding Refn et son héros pilote carburent en flèche, avec un style, une vitesse et une effronterie dont le cinéma n'avait pas retrouvé la jouissive formule depuis longtemps.

Magnétisme. Cela tient d'abord à la confiance que l'on accorde très vite à un film qui nous accueille dès ses premières minutes dans un confort rare d'images et de sons, grâce à l'autorité de sa mise en scène, à son chromatisme de peintre moderne et à l'excellence de sa bande-son (lire ci-contre). Cette attention dont le cinéaste témoigne ne sera pas trahie. Elle est au contraire toujours relayée et accrue par le personnage principal, qui en devient le vecteur élu. Il n'a pas de nom et, au début, on peine même à identifier sa personnalité. En quelques plans, nos points d'interrogation à son endroit se renversent et se contredisent. Est-ce un beau voyou, une tapette instable, un flic vertueux, un cascadeur louche, une doublure de cinéma ?

En fait, il n'a