Le véritable scandale du dernier Festival de Cannes, ce n'est pas que Jean Dujardin ait obtenu le prix d'interprétation pour son rôle dans The Artist de Michel Hazanavicius, mais que le jury n'ait pas imposé que Dujardin partage sa récompense avec le petit chien qui l'accompagne tout au long du film. Bien plus, on a beau secouer la fiche artistique de The Artist, pas l'ombre d'une mention spéciale, même pas un nom. Il faut retourner les tiroirs du site IMDb pour y découvrir une certaine Sarah Clifford, créditée comme «entraîneuse de chien». C'est révoltant, car ce Milou épatant est un véritable «Artist» lui aussi. Qui, de surcroît, résume parfaitement le film : très savant, bien dressé, un rien cabot.
Le projet de Michel Hazanavicius est a priori à rebrousse-poil : un film muet, en noir et blanc. On imagine la jaunisse qui a dû envahir le visage des décideurs financiers, qui savent non seulement ce qu'il faut tourner mais comment on doit le tourner. Soutenu par le producteur Thomas Langmann, Michel Hazanavicius s'est entêté, il est vrai aidé par le succès de ses deux OSS 117 précédents (au Caire et à Rio).
Lyophilisation. Un film muet donc, qui commence par un hurlement. Ce qui fait son petit effet, car ce n'est pas seulement un gag physique. Le mouvement de la caméra est alors comme un mouvement de tête : passer derrière et devant l'écran du film, puis, le plan s'élargissant, découvrir le panorama d'une salle de cinéma dans les anné