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Libération
Critique

Dumont, service Athée

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Miracle. Le cinéaste évoque le diable dans une pastorale païenne et âpre.
publié le 19 octobre 2011 à 0h00
(mis à jour le 19 octobre 2011 à 10h32)

Au village, ils l'appellent «le gars», rien d'autre que le gars. Et si une femme passe par là, sac à dos et pas mal de route au compteur, au détour d'une bière partagée, elle dira juste : «Tu sais que t'es un beau gars ? Si tu veux après tu peux me baiser…» Le gars a les yeux clairs, le cheveu sec, la gueule cassée. Il est avare de mots. Ses gestes sont précis, il connaît la campagne, la chasse, les champs. Il sait relever une barrière de fils barbelés. De là, toute cette lande lui appartient. La première fois que le film nous le montre, le gars est genoux à terre, face au couchant. Sans mots, il prie. Quel Dieu, quel diable, Hors satan ne le dit pas. C'est sans doute que le film ne le sait pas et qu'il essaie d'arriver à atteindre ce lieu-là, hors religion, où le pouvoir de Dieu et le vouloir du diable se confondent.

Cosmologie. Hors satan est un film en mono (avec un son cru, un peu sale, d'une réalité incroyable), sans musique, et où s'échangent le moins de dialogues possible. C'est aussi un film de prières et d'action. Ce n'est pas parce qu'elle est silencieuse que la prière ne dit rien. C'est de la concentration pour mieux s'investir de missions : tuer, ressusciter. Faire arriver les choses là où le gars a décidé qu'elles iraient. Il n'a finalement de comptes à rendre qu'à la nature qui l'encercle. La mise en scène de Dumont s'y tient, qu