Voir un film en mai. Lui rendre visite en octobre. Hors satan au Festival de Cannes. Hors satan sur les lieux de son tournage aux environs d'Ambleteuse, petite commune littorale du Pas-de-Calais. Voir ce qu'on a déjà regardé. Reconnaître ce qu'on a déjà connu. Ce sont des retrouvailles. Mais d'un genre particulier. La connaissance que nous avons du film, le souvenir prégnant de certaines images, les dialogues que nous avons entendus, la bande-son dont la brise souffle encore à nos oreilles, les personnages et leurs visages bruyants sont là, comme un mémento du passé qui commande les issues de notre mémoire et obstruent notre imagination. N'était un léger détail qui inquiète l'effet de déjà-vu - déjà-su : c'est Bruno Dumont, le réalisateur d'Hors satan, qui sert de guide. Ni routard ni petit futé, plutôt un promeneur, baladeur et baladin. Arpenter son film de plain-pied, comme on parcourrait les épreuves d'un livre annotées sous nos yeux par son auteur. Dumont a la science des chemins de traverse, l'instinct des fourrées où gisent des cathédrales de béton, bunkers ruinés de la guerre, vestiges des casemates d'où les canons nazis pilonnaient les côtes de l'Angleterre, visibles à l'horizon, de l'autre côté de la Manche. Face à ces cavernes de l'Apocalypse, il vient à Dumont une scène de film : «Un type qui traîne dans les bunkers et qui y tombe amoureux d'une ap
Reportage
Satan de réflexion
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Bruno Dumont, le 9 octobre, dans la campagne aux abords d'Ambleteuse (Pas-de-Calais), faisant office de guide pour "Libération". (Gérard Lefort)
par Gérard Lefort
publié le 19 octobre 2011 à 0h00
(mis à jour le 19 octobre 2011 à 10h26)
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