La situation dans laquelle est immergée la réception en France des films du Québécois Denis Côté est un paradoxe. Repéré par beaucoup comme un des cinéastes les plus excitants du moment, et ce dès son premier long métrage en 2005 (les Etats nordiques, léopard d'or à Locarno), fêté à Cannes (en 2009 à la Quinzaine des réalisateurs), déjà sujet à des rétrospectives (Vienne, puis La Rochelle cette année), ses films pourtant ne sortent pas en salles chez nous.
Denis Côté a cela de singulier qu'il ne se laisse pas piéger par une sorte de pose auteur qui le tiendrait sous le joug d'une pure contemplation. Chacun de ses films, les plus explosifs (Carcasses, 2009), comme les plus scénarisés (Elle veut le chaos, 2008), disent quelque chose de nous aujourd'hui, et d'une certaine difficulté pour une génération qui a entre 30 et 45 piges d'être au monde. C'est dur, violent, désordonné, mais pas forcément triste.
Bowling. On ne voit pas pourquoi ces instantanés punks seraient réservés aux seuls festivaliers accrédités, alors qu'il sort vingt films par semaine en France, dont les deux tiers n'ont pas l'importance de ce que fait ce type de 37 ans couvert de tatouages de la tête aux pieds, ancien (très bon) critique de cinéma, adorateur de Fassbinder, Pialat et Jia Zhangke. Et pitié qu'on nous épargne les vannes foireuses sur l'accent Céline Dion, sinon il va encore falloir actionner la machine à baffes.
Donc Curling, son sixième film, est l