Visionner Cannibal Holocaust aujourd'hui fait penser aux recettes miracles de Top Chef : du croquant, de la couleur, des bons produits et un peu d'amertume au service d'un plat gourmand. Trop gourmand, peut-être. En 1979, le réalisateur italien Ruggero Deodato ne veut pas d'un énième film d'horreur provocant, dans la lignée de son Dernier Monde cannibale (1977). Il se voit plutôt concepteur d'une œuvre révolutionnaire qui mêlera fiction et réalité, ultraviolence et dénonciation du sensationnalisme, sincérité et mauvaise foi, que ce soit sur l'écran ou hors des salles. Tout ça fait beaucoup pour un même film, gore qui plus est. En vilain petit réalisateur qui a les yeux plus gros que le ventre, Deodato sera puni. Quant à son Cannibal Holocaust, il deviendra l'étalon décevant d'un genre parallèle, le «snuff animalier».
Vermillon. L'histoire de cette plongée dans «l'enfer vert, à quatre heures de New York» s'articule en deux temps. Acte I : l'éminent Pr Harold Monroe (moustache, pipe, fringues Ellesse), anthropologue, se lance sur les traces d'une équipe américaine partie filmer une tribu cannibale dans la forêt amazonienne et dont on est sans nouvelles. Il découvrira des squelettes et des bobines non développées. Acte II : de retour à New York, Monroe visionne les rushs. Horreur : on y voit les sympathiques documentaristes devenir fous, excités par la recherche d'images choc. Ils mettent le feu à un villag