C'est l'histoire d'un garçon sur qui le ciel est tombé. Un gars normal, comme les villes de province en fabriquent des millions, ni méchant ni particulièrement ambitieux, mignon sans être top model, un gars ordinaire, avec des rêves d'étoiles dans les yeux. Et qui a fait une entrée fracassante dans la galaxie du succès. Souvenez-vous, Tahar Rahim, THE révélation du cinéma français pour son rôle dans Un prophète, de Jacques Audiard. En 2010, il récolte simultanément - fait unique - le césar du meilleur espoir masculin et celui du meilleur acteur français. Il a 28 ans, et, à l'écran, une gueule de jeune chiot couturé, avec un air d'oiseau tombé du nid - mais qui apprend à voler en tuant. Difficile de faire mieux pour un premier grand rôle. A l'époque, Audiard le qualifiait d'«humain adorable» et affirmait que la collaboration fructueuse entre l'acteur débutant et lui, le réalisateur chevronné, relevait du coup de «pot».
Presque trois ans après cette catalyse, l'«humain adorable» goûte d'un crumble généreux, dans un café cinéma proche de la Sorbonne. Bien mis en col roulé camel et veste en velours, Tahar Rahim tutoie d'office et gigote sur un canapé moelleux. Il ne faut pas se fier à ce visage malicieux, aux yeux rieurs et aux fossettes câlines, Tahar joue désormais dans la cour des grands. Superproduction ou film d'auteur, il n'a de cesse de chercher l'autre rôle de sa vie.
Ce mois-ci, il est à l'affiche de deux objets diamétralement opposés.