Menu
Libération
Portrait

Karole Rocher, moteur !

Article réservé aux abonnés
Aussi réservée qu’éruptive, l’actrice hante les films noirs du cinéma français. Rencontre avec une fille encore trop rare, qui s’impose arme au poing dans «Braquo» ou «Polisse».
Karole Rocher. (Jérôme Bonnet)
publié le 5 novembre 2011 à 15h07
(mis à jour le 21 novembre 2011 à 11h05)

Du hip-hop résonne dans un grand salon aux meubles un peu défoncés. Dehors, les arbres d’un parc escarpé forment un mur végétal qui protège la terrasse des regards, une terrasse où traînent quelques chaises longues détrempées. Celle qui vit là ne s’occupe guère de déco. Les canapés sont d’un état incertain, les DVD et les magazines people s’empilent sur les meubles de manière hasardeuse. Au milieu du salon, et l’imprégnant d’une odeur musquée à laquelle on se fait vite, trône l’immense panier de Junior, un bull-dog américain de couleur blanche, tendre mastodonte de 60 kilos qui obéit comme un seul homme à sa maîtresse, Karole Rocher, 35 ans, actrice, survivante et punk dans l’âme.

Karole Rocher est de ces seconds rôles marquants du cinéma français, de ces gueules qu'on retient sans que leurs noms s'imposent. Le sien, après une quinzaine d'années et autant de films, du Bal des actrices à Stella, de Polisse à la série Braquo, commence quand même à s'ébruiter. Il n'y en a pas tant que ça, dans ce beau pays «girly», des filles qui portent aussi bien qu'elle le pantalon de skaï et le blouson en cuir, qui n'ont pas l'air de cruches un flingue en main, qui occupent avec justesse et constance des rôles de flics ou de femmes du peuple, pas toujours gâtées par la vie mais jamais soumises.

Une après-midi d'automne en banlieue nord de Paris, dans un 9-3 d'un calme absolu, sa maison déglinguée comme un décor, au bout d'une allée presque déserte, accueille l'équi