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Libération
Portrait

L’hyperréaliste hypnotique

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David Fincher (Jean-Baptiste Mondino)
publié le 5 novembre 2011 à 14h53
(mis à jour le 23 novembre 2011 à 16h20)

Dans les couloirs de la Fox, à l'époque de la gestation tendue du plan de sortie de Fight Club qu'à peu près tous les responsables du studio avaient littéralement détesté en découvrant la provoc' à 60 millions de dollars qu'ils venaient de financer, on l'appelait « le doberman ». David Fincher n'a pas la réputation d'être un tendre. Glacial, fermé, perfectionniste, arrogant, il a mené la vie dure à tous ceux qui ont tenté de lui résister.

Même un proche comme Steve Golin, l'un des co-fondateurs avec Fincher de la boîte de production Propaganda, dépeint le personnage aux couleurs sombres d'un artiste ombrageux: «Il y a quelque chose d'amer en lui. ça fait partie de lui et tant mieux. (…) Il y a des tas de types comme lui, James Cameron par exemple, qui ont une certaine tendance à la méchanceté. Ils s'en prennent à tout le monde» (1).

Il avait notamment, pour Fight Club, exigé d'introduire au montage des images subliminales porno pour un coût de 40 000 dollars. Les financiers s'arrachaient les cheveux: «Pourquoi dépenser de la thune pour un truc qui ne se verra même pas?» On comprend ainsi à quel point Fincher était plus que quiconque l'homme idéal pour raconter l'irrésistible ascension du freluquet proto-geek Mark Zuckerberg dans The Social Network. La relation en miroir du cinéaste avec ce personnage réel, fondateur de l'empire Facebook, est d'ailleurs ambiguë.

La manière dont Zuckerberg agit en suivant ses idé