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Libération
Critique

Arrêt sur la cave prison

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«Michael» est une plongée dans le quotidien d’un pédophile et de sa victime. Glaçant.
«Michael». Quand il ne viole pas Wolfgang, Michael se comporte avec lui comme un grand frère, un copain, qui n'oublie ni son anniversaire ne le cadeau de Noël. (DR)
publié le 9 novembre 2011 à 0h00

«Michael raconte les cinq derniers mois de la vie commune forcée d'un garçon de 10 ans avec un homme de 35 ans.» Ce résumé du film par son réalisateur, l'Autrichien Markus Schleinzer, a tout du direct à l'estomac. Que la vie commune entre un jeune garçon et un adulte y soit dite «forcée» est en effet un euphémisme. L'adulte, Michael, est pédophile et le petit garçon, Wolfgang, est sa victime, séquestrée et violée. Il n'est pas nécessaire de savoir comment on dit «gargl !» en autrichien pour concevoir qu'ainsi décrit, le film - dont l'histoire rappelle le calvaire de la Viennoise Natascha Kampusch - s'annonce rude. D'autant que, même si Schleinzer incendie la petite bourgeoisie catholique de son pays à la volée, le tropisme autrichien du film qui pourrait éventuellement régionaliser, voire folkloriser l'épouvante, n'est pas crucial.

Tâche ménagère. L'action se situe dans une zone pavillonnaire moyenne qui pourrait servir d'arrière-monde à n'importe quelle affaire Dutroux. Michael est employé dans une compagnie d'assurances. Voilà donc, dans la proche banlieue de nos existences, un film à coup sûr «dérangeant» et «éprouvant». Mais son intérêt et sa grande intelligence, c'est qu'il se penche justement sur ce qui dérange et sur ce qui éprouve. Qui dérange ? Le contraire de l'image officielle d'un dérangé. Un homme tranquille et passe-partout (Michael Fuith, idoine, ni beau, ni moche, ni rien), un employé modèle qui va bientôt être promu