La coïncidence est troublante. La veille de la sortie en salles de Honk, documentaire consacré à la peine de mort aux Etats-Unis, un condamné américain a obtenu un sursis à son exécution qui devait avoir lieu ce mercredi. Hank Skinner a passé plus de seize ans dans le couloir de la mort à clamer son innocence dans l'affaire des meurtres de sa compagne et des deux enfants de celles-ci, nés d'une précédente union. Une semaine avant de subir l'injection mortelle, l'Etat du Texas lui avait refusé, sans explication, que soient effectués des tests ADN susceptibles de le disculper. Mardi, ses avocats ont pu, in extremis, repousser l'échéance mais rien encore ne permet d'espérer que la justice fasse son travail jusqu'au bout dans cette affaire qui a fait l'objet d'un documentaire de Jordan Feldman, diffusé en ce moment sur Canal + (Libération du 8 octobre).
Réticence. Honk aurait pu évoquer le cas de Skinner. Ce documentaire, tourné en 2010, est lui aussi consacré à l'absurde acharnement de l'Amérique à appliquer la peine capitale dans 35 de ses 50 Etats. Les deux réalisateurs montrent, au travers de plusieurs cas, la mécanique infernale : une opinion publique largement favorable à la peine capitale, une justice à deux vitesses qui expédie de préférence les pauvres et les minorités raciales dans le couloir de la mort, une réticence traditionnelle du pouvoir à revenir sur une décision de justice et, enfin, une certaine passivité des partisa