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Libération
Critique

Jeanne, piqûre de mystique

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Philippe Ramos livre une énième lecture de la Pucelle. Diaphane.
publié le 16 novembre 2011 à 0h00

Jeanne captive doit être, à vue de nez, la 17e adaptation au cinéma des épisodes de la vie de Jeanne d'Arc et on ne peut s'empêcher de penser qu'il y a là une folie, bien plus grande que celle qui dévorait Jeanne, que de vouloir rajouter encore un opus à la liste. Il suffit de lire le titre pour savoir que c'est à Jeanne la pucelle, les prisons de Rivette que se mesure la version de Ramos, la séquence temporelle est celle du crépuscule de l'héroïne française. Peut-être y verrait-on plus clair avec le titre anglais que le film s'était donné pour l'international lors de sa présentation à Cannes, à la Quinzaine, en mai : The Silence of Joan. Ce silence qu'elle oppose aux hommes qui ne vont cesser de tourner autour d'elle pour percer à vif ce mystère de pucelle mystique, d'abeille sans miel.

Une Jeanne vulnérable (nue, abîmée par une chute, prisonnière) et inatteignable (car mystique), Clémence Poésy n’était pas sur le papier un mauvais choix : sa beauté et sa jeunesse pouvaient magnétiser suffisamment le désir. Elle déçoit pourtant, ne parvient pas à faire advenir ce sentiment d’intransigeance qu’exigeait un personnage aux trois quarts mutique, renfermé dans sa vérité. La douceur de ses traits, sa blancheur diaphane n’affirment rien. Ses plus beaux moments dans le film sont ceux où Ramos l’imagine dans la campagne, Jeanne des champs, blé en herbe - la dernière séquence du film est, à ce titre, un rêve. Après, on cherche la folie, la vérité.