La classe ouvrière est mal barrée et les neiges éternelles du Kilimandjaro ont presque entièrement fondu. On a beau savoir ça par cœur, le nouveau film de Robert Guédiguian met un sacré coup au moral et à l'estomac. De retour dans son fief marseillais quatorze ans après Marius et Jeannette, le cinéaste livre un portrait profondément mélancolique d'un monde ouvrier pour lequel la nostalgie et les regrets d'un combat perdu semblent l'avoir définitivement emporté sur l'espoir de lendemains qui chantent. Les docks de Marseille d'où son héros (Jean-Pierre Darroussin) vient de se faire virer sont à l'abandon, le local syndical sonne creux et les jeunes du film préfèrent se caler au frais dans le petit jardin de leur lotissement plutôt que de jeter un œil sur le monde qui part en quenouille.
Evidemment, il y a toujours les grillades sur la terrasse, la baignade dans la Méditerranée pour les enfants en sortant de l’école ou encore les copains avec lesquels on ne se lasse pas de convoquer un passé plus engageant que le présent. Parce qu’on peut le constater tous les jours, tout est foutu. Tout, sauf l’amour d’une vie (Ariane Ascaride) que rien n’a pu éroder.
Voyage. Oui, mais comment dire cela sans avoir l'air d'un vieux con, surtout quand on n'en est pas un ? De la manière la plus simple et la plus modeste qui soit, en racontant cette histoire contemporaine d'un couple au bord de la retraite, ex-prolos un peu à l'aise, à qui la vie réserve le pire des coups b