Il n’y a pas si longtemps, il y avait lieu de s’en plaindre : les documentaires ne sortaient pas en salles et c’était injuste. Pour eux, pour nous. A la faveur de l’opération le Mois du documentaire, c’est tout à coup une avalanche qui nous attend pour les deux ou trois prochaines semaines, inventant un effet de polarisation inverse - où, tout à coup, il sortirait trop de documentaires. Trop au sens où on ne voit pas comment, dans une configuration de sorties en tir groupé, ces films vont pouvoir tirer un à un leur épingle du jeu sans se noyer dans leur propre mare vitale. Quoi qu’il en soit, en dehors de ces considérations économiques, trois docus férocement politiques sont à l’affiche cette semaine et méritent plus ou moins notre attention.
Epais poème. Le premier a un titre en or : The Black Power Mixtape. On croirait l'enseigne d'un mix hip-hop bien killer. Et on n'est pas si loin de ça : il s'agit bien d'une compilation où sont enquillées, une heure trente durant, des archives de reportages traitant de la question noire américaine, de 1965 à 1975. Tous proviennent de la télévision… suédoise. L'angle est saugrenu, mais il faut accorder à nos homologues de Stockholm d'avoir pris fait et cause très tôt et avec un point de vue fervent pour Stokely Carmichael, de s'être extasié comme personne devant la boule afro d'Angela Davis et d'avoir su filmer aussi bien, sinon mieux, que les Américains le New York des années 74-75 ravagé par l'héroïne.