C'est un film à deux balles. En monnaie d'aujourd'hui, selon le slogan «vendeur» de Donoma et, sans tenir compte de l'inflation, un film à 150 euros. A ce tarif, ni Djinn Carrénard, auteur, producteur, réalisateur, cadreur monteur et chef de troupe, ni sa dizaine de comédiens n'ont pu espérer se remplir la panse avec un salaire à la fin du tournage. Une économie de la pénurie et de la démerde, en elle-même respectable, mais qui n'est pas forcément synonyme de chef-d'œuvre. Si Donoma nous accroche, nous intrigue, c'est précisément qu'il ne fait pas la manche même s'il tend la main vers ceux qui, généralement, sont interdits, sinon d'images, du moins de fiction. Disons que lorsque la fiction s'empare de ces sujets dits «sociaux» cela donne de plus en plus des grosses productions issues du star-system vantant les vertus de la misère sympa et pratiquant le tour de passe-passe d'une disparition magique des problèmes de classes.
Dans Donoma, les personnages ne sont pas aimables - entre autres, une prof agitée du bocal, un élève de ZEP ramenard, une jeune fille mystico-boudeuse, un jeune homme parasite et vaguement mythomane. Le film brasse des affaires de dragues, de couples et de ruptures. Mais, alors, qu'est-ce que Donoma apporte de si singulier, pourquoi donne-t-il à ce point le sentiment d'ouvrir brutalement les fenêtres pour faire entrer le vent frais d'une génération mal disposée à l'égard des vieux tabous professionnels, des doxas esthétiq