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Libération
Critique

«Tous au Larzac», Causse toujours

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Loin du folklore alter, un docu retrace dix ans de lutte paysanne.
«Gardarem Lo Larzac» (Nous garderons le Larzac). (DR)
publié le 23 novembre 2011 à 0h00

«Face à la montée des fascismes économiques, politiques, religieux, face au progrès technique incontrôlé, celui qui nous fait accepter n'importe quoi pour assurer notre profit, notre bien-être, que faire ?» Cette phrase n'a pas été prononcée la semaine dernière dans un meeting de Mélenchon, mais en 1974, lors du rassemblement gigantesque qui eut lieu sur le plateau du Larzac. La question qu'elle pose a 37 ans et résonne tristement dans notre époque indignée. Celui qui l'a prononcée, Philippe Fauchaut, est un modeste paysan du Larzac en lutte contre l'extension d'un terrain militaire. Une lutte inspirée et triomphante qui dura presque dix ans, et qui constitue le sujet du documentaire de Christian Rouaud, Tous au Larzac.

Goguenarde. En pleine indignation générale et globalisée, voilà un film qui met du baume au cœur. Un documentaire enthousiaste, tout sauf naïf, qui fleure bon les archives et la France de Valéry Giscard d'Estaing. Durant deux heures, Rouaud déroule consciencieusement la chronologie de la lutte, sans omettre aucune étape. Le Larzac, ce n'est pas qu'un paysage magnifique couvert de cultures et de troupeaux, c'est aussi un terrain militaire où s'exerce l'armée. En 1971, la Grande Muette, emmenée par Michel Debré, décide d'étendre ses installations et d'annexer 14 000 hectares supplémentaires. Or, cette extension concerne 107 familles, principalement des paysans qui exploitent cette terre.

Les protagonistes de l’histoire - le coup