Dans la nuit de jeudi à vendredi, une grosse centaine de personnes ont vécu une expérience rare. Ils ont assisté à une séance de The Movie Orgy, de Joe Dante, programmé par le festival international du film d'Amiens. Un montage de 4 h 45 d'extraits de films, de pubs télé, de séries ou de documentaires que Dante a réalisé à l'âge de 20 ans. Petit phénomène en 1968, ce monstre avait disparu de la circulation jusqu'à ce que quelques festivals ne le ressuscitent.

Le film est structuré autour de deux nanards, Attack of the 50 Foot Woman, de Nathan Juran, et Speed Crazy, de William J. Hole, dont les longs extraits sont entrelardés d'apartés ironiques, déconnants ou simplement anachroniques. Exemple de gags récurrents, le faux film de moins d'une minute. Un générique annonce le titre le Retour de Buddy. On découvre un petit garçon, l'air préoccupé, faisant les cent pas dans son jardin. Soudain, un bruit, l'enfant se retourne et voit un chien sauter la haie du jardin. Il crie de joie : «Buddy ! Tu es revenu !» Fin. Il y en a comme ça des centaines, plus ou moins réussis, plus ou moins compréhensibles par un public non américain.

Depuis cette époque, Joe Dante a beaucoup roulé sa bosse. Soutier dans les années 70 chez Roger Corman pour lequel il fabriquait des bandes-annonces avant de passer à la réalisation, le cinéaste de 64 ans a tout connu. Les débuts fauchés (Hollywood Boulevard, en 1976), une flamboyante ascension dans le ciné