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Libération
Critique

Minnelli, tsunami d’émotions

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Reprise . Le réalisateur américain, dont le polar «Lame de fond» ressort en salles, fait par ailleurs l’objet d’un essai passionné.
publié le 28 novembre 2011 à 0h00

Il faut voir Katharine Hepburn faire son entrée dans le grand monde, au premier tiers de Undercurrent, un Vincente Minnelli rare de 1946, son septième film, coincé entre Yolanda and the Thief et la Pirate, aussi flamboyants l'un et l'autre qu'Undercurrent est noir et hanté. Cachée dans la cuisine, la jeune scientifique se ronge les ongles : elle vient d'épouser le plus beau parti de Chicago, Robert Taylor, riche à souhait, inventif, doublé d'un homme d'affaires avisé (il a fait de l'usine familiale un récent empire). Et amoureux de sa poupée - mais en l'épousant, notre Marie Curie de service a aussi épousé la jet-set de Chicago, dont elle ne soupçonnait pas les codes indociles. Retranchée dans sa cuisine, elle vient de comprendre que sa stricte robe beige fermée jusqu'au col ne fera pas un effet bœuf en face de ce parterre de toilettes griffées qui attendent, en aiguisant les lames, que la femme d'Alan Garroway leur soit présentée.

Moulin. Ce mari parfait a donc un problème, qui aime humilier sa femme en lui disant qu'elle est divine, tout en l'exhibant comme vulnérable. C'est le premier symptôme que quelque chose cloche dans le rêve de la jeune fille. Celui qui ne lui a pas dit comment s'habiller ce soir-là a quelque chose derrière la tête. Ce trouble-là ne cessera jamais, et c'est tout le scénario de son mariage de rêve qui s'écroulera peu à peu jusqu'à sombrer dans l'horreur.

Undercurrent est un polar, filmé comm