Au moins dans l'intention, Luc Besson aura répondu à l'une des suppliques d'Aung San Suu Kyi : «Usez de votre liberté pour promouvoir la nôtre.» Il a donc commis un biopic hélas peu épique sur l'opposante birmane devenue l'icône de la démocratie après avoir passé quinze années recluse entre 1989 et 2010. On saurait presque gré à Besson d'ouvrir le grand écran à cette femme frêle et ferme alors qu'elle commence à jouer une délicate partition avec le pouvoir en se portant candidate dans la nouvelle Assemblée voulue par les généraux. Mais le réalisateur des Minimoys s'est pris les pieds dans le tapis pour sa première sur le terrain du film politique. The Lady reste au ras des pâquerettes de la bluette mélo focalisé sur un héroïsme féminin qui est, entre Nikita et Jeanne d'Arc, l'une des obsessions du golden-boy du cinéma français.
Lorgnette. Besson n'a choisi de visionner l'histoire de la Dame - surnom donné à l'opposante par de nombreux Birmans - que par le petit bout de la lorgnette de sa relation avec Michael Aris, un universitaire spécialiste du Tibet à Oxford. Mais même dans cette histoire dans la grande histoire, l'intime vire à l'infime malgré deux longues heures pour sonder un destin exceptionnel et un dilemme cornélien. Aung San Suu Kyi a rencontré Aris en Grande-Bretagne. Ils se sont mariés en 1972 avant d'avoir deux fils. En 1988, la jeune Birmane rentre à Rangoun au chevet de sa mère mourante. Elle se rend