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Libération
Critique

Un Demy Panaché

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Fils de, Mathieu Demy navigue entre une mère morte et Lola, poule fantasmagorique. Sans s’égarer.
«Americano» avec Mathieu Demy et Salma Hayek (DR)
publié le 30 novembre 2011 à 0h00

Il est difficile pour Demy (Mathieu) de dissimuler qu’il est le fils de Demy (Jacques). Son premier film ne le cache pas. Un de ses personnages principaux se prénomme Lola. Mais il va s’avérer que pour la jeune femme qui le porte, moitié chanteuse, moitié pute, comme la Nantaise de référence, Lola est un pseudonyme, un leurre.

Mathieu Demy est aussi un demi-Varda par sa mère, Agnès. Là aussi le patrimoine est revendiqué. Americano est en partie une rumination de scènes extraites de Documenteur, fiction tournée au début des années 80 par Agnès Varda, où Mathieu, très jeune, interprétait Martin, un petit garçon largué à Los Angeles avec sa mère.

Demy ne renie par son arbre généalogique mais en secoue les branches et en fait tomber de beaux fruits. Sans doute en faisant mourir le personnage d’une mère marginale et excentrique, ou en confiant à Jean-Pierre Mocky le rôle d’un père un poil absent.

Cocktail. De même pour la musique, pour l'essentiel un remix de celle composée par Georges Delerue pour Documenteur. Pourquoi pas ? Americano, c'est aussi un cocktail.

Mais cet arrangement avec le passé ne suffirait pas à faire un film si Demy ne métamorphosait pas son évocation en un mouvement de cinéma, un geste d'expatriation qui est, précisément, le sujet d'Americano. Martin est un jeune Parisien qui doit précipitamment aller à Los Angeles où sa mère vient de décéder. Se rendre à L.A. comme on se rend à plus fort que soi : la cité du c