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Libération

La preuve par l’œuf

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«Intouchables» (DR)
publié le 3 décembre 2011 à 0h00

Comme les rêves, certains films permettent au public d'éprouver des jouissances inavouables déguisées dans les habits œcuméniques de la fraternité et de la bonté. Intouchables semble un exemple paradigmatique de ces étranges travestissements. On pense que la question que pose ce film est celle du handicap et des possibilités d'entente entre des individus appartenant à des milieux sociaux opposés. Le fait de nous en émouvoir nous montrerait à quel point nous sommes capables d'ouvrir notre cœur aux handicapés et de nous aimer en dépit de nos différences de classes.

Pourtant, derrière cette façade téléthon, la vraie question que pose Intouchables est celle de la légitimité des formes actuelles de la distribution des richesses. Pour ce faire, le réalisateur a mis en scène une histoire d'échanges entre deux personnages : Philippe, un handicapé ultrariche et Driss, un mauvais garçon des banlieues. L'un comme l'autre sont des incarnations de deux figures honnies de la société française. Le premier pour ses privilèges et le second parce qu'il est un assisté et un voleur. Or, l'animosité du public contre Philippe est vite réglée : il est tétraplégique. De son immense fortune il ne peut rien faire d'autre que de rechercher en vain à pallier son corps défaillant.

Une fois ces déséquilibres avec le spectateur ajustés, nous pouvons nous identifier à Philippe et penser, à partir de son point de vue, aux échanges qu’il va instaurer avec Driss. Lors de son rendez-vous d’emba