C’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens, disait ce pauvre Molière, aliéné deux fois, par le roi dont il dépendait financièrement et par les décrets de l’intelligentsia de l’époque : le genre noble était la tragédie, la comédie était vulgaire. Alors, il essaya de faire du tragique, mais le public lui rappela où était son talent : faire rire et plus si affinités. Et le roi aussi fut content.
Tous ceux qui s’y sont collés, scénaristes, réalisateurs, acteurs, savent qu’il n’y a rien de plus difficile que de faire rire. Un monteur astucieux pourra couper, déplacer des bouts de séquence, ajouter la musique adéquate et faire pleurer les foules sur un pathos artificiellement créé.
Une séquence comique ratée ne se rattrape pas. Si c’est pas drôle, c’est pas drôle.
D'excellents acteurs ne réussiront jamais à vous faire rire mais celui qui vous a fait rire peut tout jouer. Il faut une méconnaissance profonde du travail nécessaire à la comédie pour la mépriser. Pourtant, aucun film d'Ernst Lubitsch n'a remporté l'oscar, et Louis de Funès fut dédaigné par les happy few tandis que la foule courait le voir au cinéma. En leur temps, To be or not to be comme le Dictateur de Chaplin en choquèrent plus d'un : fallait-il rire de sujets aussi graves ?
Heureusement, le temps remet un peu d’ordre dans la hiérarchie douteuse qu’établissent les doctes contemporains et ces comédies perdurent qui racontent le fascisme sans se parer du masque grave