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Libération
Interview

«Ce n’est pas un freak, c’est un homme banal»

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L’acteur Michael Fassbender, en pleine ascension à 34 ans, raconte l’élaboration de son personnage autodestructeur :
publié le 7 décembre 2011 à 0h00

ll est beau, intelligent, assez cinéphile, doté d'un nom facile à retenir, pas déjà vieux sans être encore jeune, et ne répond à aucune annonce matrimoniale ni offre d'emploi, car il a déjà tout, sauf, peut-être, du temps, mais qui pourrait lui en procurer à part lui-même ? Il vient de recevoir le prix d'interprétation à la Mostra de Venise, pour Shame. Depuis vingt mois, Michael Fassbender enchaîne film sur film, si bien qu'on le verra prochainement dans A Dangerous Method de David Cronenberg, où il joue le docteur Jung face à Freud (Viggo Mortensen), puis dans Prometheus de Ridley Scott. Pour l'heure, c'est dans un bar quatre étoiles lugubre près de la Maison de la radio, qu'il navigue de table en table comme s'il jouait aux chaises musicales. Avec Shame, il retrouve pour la deuxième fois le cinéaste Steve McQueen après Hunger - biopic de Bobby Sands. Il y est Brandon, un homme seul, qui rappelle une phrase de Carl Jung, cité par Claude Régy (1) : «La solitude ne naît point de ce que l'on n'est point entouré d'êtres, mais bien plus de ce que l'on ne peut leur communiquer les choses qui nous paraissent importantes.» Autrefois, on l'aurait qualifié d'obsédé sexuel. Autrefois ? Aujourd'hui, Brandon est un sex addict, sans traduction française. De l'un à l'autre, il y a un gouffre. Rencontre sous forme d'une interrogation sémantique restée en suspens.

Qui est Brandon, votre personnage sex-addict ?

Un homme moderne qui cherche désespérément le contact.

Vous croyez ?

J’en suis s