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Libération
Sortie ciné

Telles mères, tels vices

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D’une simple bataille d’enfants, Polanski tire un violent réquisitoire contre leurs géniteurs.
«Carnage», avec Christoph Waltz, Kate Winslet... (DR)
publié le 7 décembre 2011 à 0h00
(mis à jour le 7 décembre 2011 à 18h55)

Dans le désert du couple, le premier cercle de l’enfer est un mouton. Il est dessiné par l’enfant, qui n’y est pour rien. Les mamans et les papas sautent dedans avec leurs névroses, leurs vilains bons sentiments, leurs crises du désir, comme des fauves domptés par le néant. Aimer ses enfants devient une manière de se détester ; les comprendre, une méthode pour s’aveugler. Aucun d’eux ne mérite tout le bien qu’on lui inflige.

En 2007, Yasmina Reza écrit là-dessus une bonne pièce à succès, le Dieu du carnage (1). Le titre vient d'une réplique d'un personnage, Alain. C'est un avocat cynique qui défend un labo pharmaceutique criminel, exerce dans l'Afrique sanglante, travaille devant la Cour internationale de justice de La Haye. Il dit : «Moi, je crois au dieu du carnage. C'est le seul qui gouverne, sans partage, depuis la nuit des temps.» Dans le film, Alain s'appelle Alan. C'est Christoph Waltz qui l'interprète. Peu d'acteurs ont ce génie de la distanciation. L'intelligence a une délicatesse que la brute ne cesse de menacer : force cynique et comique absolue. Il n'est pas impossible qu'Alain-Alan, avec tous ses défauts, soit le porte-parole de Reza et de Polanski.

Dragon. Grande proie des puritains de toute éternité, le second adapte le texte de la première, avec son aide, sous ce titre simplifié : Carnage. On retrouve, à quelques coupes et changements près, canevas et répliques de la pièce. Elle se déroulait à Paris. Polanski la dépla