On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. On n’est pas sérieuse quand on est 17 filles. A Lorient, Morbihan. Dans l’ennui proverbial d’un lycée avec un bac à passer d’abord. Mais pour les 17 filles du premier film des sœurs Coulin, passer son bac d’abord c’est déjà se demander vers quel néant prochain veulent les précipiter les parents, les profs. Et pour tromper un horizon pas vraiment gagné d’avance, ces 17 (très jolies) filles vont inventer un truc terrible : tomber toutes en cloque en même temps. Pour ne pas laisser toute seule la malheureuse à qui un bébé est arrivé, par mégarde. Pour foutre un peu la merde, et voir ce qui pourrait en sortir. Pour échapper (paradoxalement) au planning familial, même si leur projet est l’inverse d’une utopie et ressemble en tout point à un suicide social.
Emois. Faire un gosse à 17 ans par solidarité envers une copine de classe est une belle connerie sans doute, mais revendiquer le droit à la connerie est encore la moindre des choses quand on a 17 ans. Cette baise synchronisée pour ventre gros est le point de départ du film, inspiré d'un fait divers américain. La chape de plomb qui enserre l'adolescence étant la même partout, dans une suburb outre-Atlantique comme dans une ville française en bordure d'océan, 17 Filles ne souffre pas une seconde du moindre déracinement.
Il est même facile d'imaginer quel accueil dithyrambique aurait reçu le film s'il était sorti vers 1994, au hasard dans la collection «Tous