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Critique

Scorsese, formol magique

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Criard. «Hugo Cabret» est un gros machin 3D dégoulinant de bons sentiments et à l’arrière-goût de vieux.
"Hugo Cabret" de Martin Scorsese. (DR)
publié le 14 décembre 2011 à 0h00
(mis à jour le 14 décembre 2011 à 9h40)

La critique anglo-saxonne est, à peu près dans son intégralité, tombée en pâmoison devant Hugo Cabret : «Scorsese transforme ce conte naïf en une ardente déclaration d'amour au cinéma»(Chicago Reader) ; «une exquise boîte à bijoux filmique» (The Guardian) ; «j'ai vu le futur de la 3D relief, et il appartient à Scorsese, aussi étrange que cela puisse paraître» (Salon.com). Apparemment, le même épandage de compliments devrait arroser en France le premier film pour enfants du plus coriace vétéran de la période Nouvel Hollywood.

Scorsese a su survivre à sa propre légende en devenant notamment le biographe exalté d'un Howard Hugues (Aviator) ou l'historien archéo-halluciné de New York (Gangs of New York), récupérant au passage la mise symbolique sur le trésor amassé au fil d'une carrière jalonnée de classiques. Il est sur tous les fronts : ne s'arrête jamais, captation de concert (les Stones), documentaires au long cours (Bob Dylan, George Harrison, voyage à travers le cinéma américain, puis italien), militant actif sur le front de la préservation du patrimoine. Il ressemble de plus en plus au personnage de Robert De Niro dans Casino, trônant au milieu d'un empire créé de toutes pièces, fonctionnant comme une rutilante machine spectaculaire, générant des centaines de millions de dollars alors qu'il est cerné par les cadavres d'une concurrence exténuée (perdus de vue De Palma, Cimino, marginalisés Coppola et Friedkin…).