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Le totem

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Viggo Mortensen. Poursuite de l’encerclement de l’acteur américano-danois, qui joue Freud dans le nouveau Cronenberg.
publié le 19 décembre 2011 à 0h00

Horreur et damnation. Trois éléments manquent à l'appel : la tasse de maté (infusion sud-américaine à base de plantes), les blondes (cigarettes) et les chaussettes (il répond habituellement aux interviews déchaussé). Et si Viggo Mortensen avait changé, s'était banalisé, starisé ? Mais non. La Joconde esquisse un sourire, nous fait la bise, la fera au photographe. Il porte un vague pull à rayures, a dans la main son habituel pochon en plastique où l'attend sans doute sa lecture en cours - des poètes espagnols. L'acteur-éditeur-photographe-musicien américano-danois prend tranquillement place sur le canapé rose et crème du chic hôtel où, à l'étage au-dessus, y'a promo pour Mission : Impossible - Ghost Protocol. Apaisement intérieur : c'est parti pour quarante-cinq minutes d'affabilité, de modestie zen, de mélopée enveloppante. On ressortira de là comme après la piscine, avec l'impression de marcher sur des coussins d'air. Stone mais sans flip. Idéal.

Sauf que, always remember Archimède et sa poussée, selon lesquels le volume immergé d'un iceberg représente 90% de sa masse totale. D'où «partie immergée de l'iceberg» - il y a toujours bien plus à voir que les 10% apparents. Or l'être humain a un côté iceberg, la preuve par Mortensen. Qu'il puisse râler voire mordre, par exemple, nous avait échappé. Formolisé tout gentil tout beau, inoffensif, Viggo, pourtant admirable d'ambiguïté à l'écran, aussi probant en bon père de famille qu'en psychopathe. Ou en superstar p