La noblesse et la puissance d’une œuvre ne se mesurent pas à sa longueur, à son métrage. Il y a même tout lieu de penser qu’un court sera au moins aussi intense et corsé qu’un long… Alors d’où vient que le court métrage qui, depuis Lumière et Méliès régnait seul sur le cinéma, a été progressivement relégué en «avant programme», avant de disparaître purement et simplement du grand écran, sans retrouver une place digne sur le petit ?
Sans doute une forme de «darwinisme», qui pourrait aujourd’hui s’inverser. Dans un monde frappé par l’accélération du temps et la révolution numérique, les lourdes machines donnent parfois quelques signes d’essoufflement. Agile, audacieux, créatif, le film court a retrouvé la vitalité et la fraîcheur des premiers temps du cinéma. 657 films courts ont obtenu un visa d’exploitation en France en 2010, contre 380 en 2005, et 2011 est encore meilleure.
Cette effervescence créative, soutenue par le CNC et ses partenaires, déborde largement du cadre traditionnel du long métrage. Porté par des auteurs plus jeunes (70% des réalisateurs ont moins de 40 ans), plus féminins et moins parisiens, le court métrage n’est pas seulement un travail d’esquisse, un exercice «à blanc» avant le grand saut vers le «long», c’est aussi un genre à part entière, qui procure autant d’émotions et produit autant de chefs-d’œuvre.
Même si, dans leur conception, les films courts restent parfois dépendants d’une économie de la débrouille et du «système D», il convient d’affirmer haut