Les toiles de Kaurismäki vous boivent. Le Finlandais n'est pas un cinéaste, c'est un peintre qui a mis Le Havre en bouteille. Un peintre qui travaille à l'alambic et qui sort, après des kilomètres de tubulures, la plus belle goutte de calva vieux jamais produite, qui vous fait tousser et chavirer le cœur. Le cinéaste né à Orimattila, dans le sud de la Finlande, a lu Flaubert. Et que disait Gustave ? Que tout ce qu'on invente est vrai. C'est ça Le Havre. Une vitrine de Noël avec des grosses boules scintillantes pleines de solidarité de classe.
Le film se déroule dans le quartier Saint-François, le quartier des pêcheurs. Kaurismäki est un professeur de richesses. Il montre Le Havre d’Auguste Perret derrière le rideau d’un bistrot où fume un grog. C’est le champion des choses incroyables qui nous dit que nous sommes faits pour l’impossible : aimer et combattre. On voit des choses qui dépassent l’homme : des bagnoles des années 50-60, des guéridons, des transistors, des boîtes à couture, une guérison miraculeuse et un chien qui parle mais qu’on n’entend pas. On monte dans une sorte de pays inconnu en troisième classe et on finit dans un wagon de première.
Tournée. Voilà la chose : Marcel Marx (fantastique André Wilms) est cireur de chaussures qui a autrefois écrit. On sent que le bonhomme a lu Gaston Bachelard et les évangiles. Il parle comme Louis Jouvet. Il travaille à la sortie de la gare SNCF. Il a pour copain Chang, un sans-papiers chinois q