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Libération
Interview

«J’ai voulu choquer les spectateurs»

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Photographe de guerre, Danfung Dennis évoque un tournage intense au côté du sergent Harris, bientôt mutilé :
publié le 21 décembre 2011 à 0h00

Danfung Dennis, 30 ans, semble plutôt timide et parle doucement. Pas du tout le style des baroudeurs grandes gueules et rouleurs de mécanique. Le réalisateur de Hell and Back Again est pourtant photographe de guerre (Irak, Afghanistan) pour les plus grands journaux (New York Times, The Guardian, etc.).

Qu’est ce qui vous a donné l’envie de faire ce film ?

Je crois que l’impact de la guerre sur les gens décroît, que le public est de plus en plus indifférent aux images de guerre. Comme je n’arrivais pas à transmettre ce qu’est la guerre, sa réalité, j’ai voulu faire quelque chose de différent pour leur montrer ce qu’elle est vraiment, pour les choquer. Lorsque je suis retourné en Afghanistan, je n’avais d’ailleurs pas l’intention de faire un film. Je n’avais pas de scénario, pas de plan de tournage. Je voulais juste suivre une opération vraiment importante avec une section de marines. Nous avons été déposés à 18 km derrière les lignes ennemies. Dès notre arrivée, on a été encerclé et attaqués par les talibans. Cela a duré trois semaines. Les combats y étaient très intenses, au point que l’on a surnommé cet endroit la «machine gun hill». C’est à ce moment que j’ai rencontré le sergent Nathan Harris. Il faisait 50°C, je n’avais plus d’eau et il m’a tendu sa dernière bouteille. C’est un type bien, exceptionnel au combat, très courageux. Je l’ai suivi les jours d’après. Nous traversions les mêmes épreuves. C’est là que s’est établie une re