Son alter ego à la canne et aux grandes godasses, Charlie Chaplin l’incarne dès ses premiers pas avec le producteur américain Keystone. On est en 1913, il a 24 ans et vient d’être découvert alors qu’il assurait un spectacle de music-hall en tournée avec son producteur britannique, Fred Karno. Il n’a pas fallu six mois pour que son personnage, Charlot, soit connu sur l’ensemble du territoire américain ; et trois ans de plus suffiront pour que Chaplin signe les plans de ses propres studios, au croisement de La Brea et de Sunset Boulevard, à Hollywood.
C'est ce destin fulgurant, qui traversa le XXe siècle et ses mutations, que raconte l'exposition «Charlie Chaplin, images d'un mythe» au Palais Lumière, à Evian-les-Bains, en Haute-Savoie. L'ensemble - le sujet l'impose - fonctionne sur l'idée de retrouvailles. Affiches, photos, projections reconstituent par touches des univers connus, chargés d'émotion - les rouages des Temps modernes, la loge des Feux de la rampe. Mais c'est pour ses chemins transversaux que vaut surtout l'exposition, croisements entre une œuvre, et la vie formidablement romanesque de son auteur, né en 1889 dans une banlieue dickensienne de Londres - d'une mère actrice régulièrement internée et d'un père alcoolique -, et mort durant son sommeil à 88 ans dans son manoir suisse, immensément célèbre et riche, réalisateur de plus de 80 films.
Méticulosité. Démesure est certainement l'un des mots-clés de la vie de Chaplin.