Avec une poignée de films qui arrivent en Europe par an, l'Australie est devenue l'un des fournisseurs les plus réguliers d'un cabinet de curiosités cinématographiques. Au hasard des livraisons de l'année, l'estomaquant Animal Kingdom, de David Michôd, avec lequel ces Crimes de Snowtown partagent un goût pour un naturalisme brut de décoffrage, mais ce n'est pas le seul point commun.
Dans le droit fil de cet héritage riche et complexe, le premier long métrage de Justin Kurzel propose de respirer à pleins poumons les effluves toxiques d’une «histoire vraie», flirtant entre documentaire crasseux et film de genre bien saignant, pour atteindre l’objectif qu’il s’était fixé, à savoir les limites du soutenable. Toutefois, que l’on ne s’y trompe pas. Si l’effet est aussi blessant, et c’est un euphémisme, ce n’est pas au nom d’une certaine authenticité des faits mais grâce - ou plutôt à cause - de l’acharnement avec lequel le cinéaste inflige aux spectateurs, et à son propre film, une telle dose de souffrance.
Carnage. A l'usage de ceux qui ne seraient pas familiers avec l'actualité criminelle des antipodes, l'affaire remonte à 1999, lors de la découverte d'une dizaine de barils de plastique contenant chacun le corps mutilé d'un homme. Cela se déroulait dans la paisible bourgade de Snowtown, lointaine banlieue d'Adelaïde triste à s'ouvrir les poignets à chaque lever du soleil. L'auteur du carnage, un certain John Bunting, maboul sadique et malin, avai