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Libération

Pasolini revient et il n’est pas content

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Archives . L’avant-dernière interview du cinéaste, perdue depuis trente ans, a été retrouvée en Suède.
Photo non datée de l'écrivain-cinéaste italien Pier Paolo Pasolini. (Photo AFP)
publié le 29 décembre 2011 à 0h00
(mis à jour le 29 décembre 2011 à 18h07)

C'est l'hebdomadaire italien l'Espresso, dans son édition du 16 décembre, qui relate la rocambolesque histoire. Le 28 octobre 1975, trois jours avant d'être assassiné, Pier Paolo Pasolini est en Suède, à l'Institut italien de Stockholm puis au Svenska Filminstitutet, devant le gratin de la critique ciné boréale. On décide d'enregistrer la table ronde sous forme d'interview, afin de la diffuser à la radio nationale.

Comme on est encore assez attardé à l'époque dans le domaine de l'obscénité médiatique, la mort du réalisateur et écrivain, au lieu de propulser l'enregistrement sur les ondes, le fait remiser à la cave. En 1981, on se décide à l'exhumer. Las, la radio ne retrouve plus le précieux entretien. Il faudra attendre trente ans pour que, au cours d'une conversation, cette perte soit rappelée à Carl Henrik Svenstedt, le traducteur suédois de Pasolini. Celui-ci est un maniaque (ou un amoureux) de l'archive, et il conserve chez lui des milliers d'heures d'interviews sur bandes. En fouillant, il finit par retrouver son propre enregistrement (on n'entend pas certaines questions, les heurts des mains ou des verres sur la table parsèment la séance) et, comme on n'est pas vraiment avancé en matière de mondialisation, les discussions se font en français, avant de switcher à l'italien, traduit en suédois. L'Espresso a mis le son en ligne en quatre parties : soixante-quinze minutes passionnantes sur le cinéma, la politique, et la météo comparée de Rome et