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portrait

Michael Shannon, le second sera le premier

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L’humble acteur américain abandonne les seconds rôles pour imposer son étrangeté dans de grosses productions.
Michael Shannon, le 3 septembre 2011 à Deauville. (© Fred Kihn)
publié le 2 janvier 2012 à 0h00
(mis à jour le 3 janvier 2012 à 11h24)

Dans les années 1940 ou 1950, Michael Shannon aurait probablement tourné dans dix films par an et toujours dans des seconds rôles. Avec son allure de géant maladroit (1,92 mètre), son menton monolithique et son regard tourmenté il aurait fait le bonheur de pas mal de productions à la recherche d'un gangster impavide, d'un flic vicelard ou de n'importe quel personnage suscitant un épais malaise. Il aurait été un character actor, comme Hollywood en possédait des douzaines sous contrat, toujours prêts à donner la réplique - toujours la même - aux poids lourds qui attiraient les spectateurs en masse dans les salles. Logiquement, il aurait glané quelques nominations et, pourquoi pas, un oscar de best supporting actor, prix qui récompense ces piliers du cinéma dont tout le monde connaît le visage sans jamais être capable de mettre un nom dessus.

C'est d'ailleurs ce qui a bien failli lui arriver. A 37 ans, ce garçon né au Kentucky, petit-fils d'un entomologiste et fils d'une juriste et d'un enseignant, a déjà baladé sa carcasse dans une cinquantaine de films pour y incarner des types menaçants, voire des dangereux dingos. Un destin de second rôle à perpétuité qui ne l'aurait pas surpris outre mesure. «Je ne me suis jamais attendu à avoir du succès et, jusqu'à présent, je ne peux pas dire que j'ai eu à souffrir de ma célébrité. En revanche, il m'est arrivé un nombre incalculable de fois de rencontrer des gens qui me fixent et qui me disent : "Je vous ai déjà vu