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Libération
Critique

Kahn, art sauvage

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Quête du bonheur qui vire au cul-de-sac dans «Une vie meilleure».
Guillaume Canet dans «une Vie meilleure». (DR)
publié le 4 janvier 2012 à 0h00

Si ce n'était pas un film de Cédric Kahn, si l'on n'avait pas tant aimé l'Ennui et Roberto Succo il y a dix ans, on fuirait dès la première minute. On a raison de rester.

Les dialogues sonnent d'abord faux, dans un plan séquence et demi, apparemment immotivé, qui nous fait passer de l'intérieur d'un restaurant à son extérieur, place du Palais-Royal, à Paris. Guillaume Canet cherche un boulot de chef cuisinier, mais Kahn l'a chargé d'un texte trop lourd pour qui que ce soit : un soliloque d'exposition des enjeux du drame. Sa partenaire, l'excellente Leïla Bekhti, serveuse du restau qui l'a accompagné dehors, doit lui répondre sans rire : «Si j'étais le patron, tu penses bien que je t'aurais embauché tout de suite. T'as la gnaque, ça se sent, te décourage pas, tu vas trouver, tu verras.» Ils sont côte à côte, statiques, récitant.

Fadeur. S'en suit une effroyable histoire d'amour entre Yann (on apprend son nom tard) et Nadia (on l'apprend tôt, elle est objet du regard, lui sujet) en courts tableaux idylliques. C'est là, dans un plan de deux marchant dans la rue, qu'on commence à flairer la filouterie. Ce ne serait pas un peu le Bonheur de Varda, par hasard ? Une fadeur ultra recherchée, mais un peu voilée tout de même, glaçante, histoire de rappeler que «le bonheur n'est pas gai» (Ophüls, Demy) ? Une clinique de l'ennui (tiens, justement) tel qu'on le manufacture sous les traits de la satisfaction ?

Nadia a un fils, Sli