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Critique

À cœur Hoover

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Avec «J. Edgar», Clint Eastwood plonge dans la trouble intimité du tout-puissant patron du FBI.
Leonardo Di Caprio est J Edgar Hoover. (DR)
publié le 11 janvier 2012 à 0h00

La redoutable Pauline Kael, critique au New Yorker dans les années 70 et 80, avait ses têtes de Turc, et Clint Eastwood figurait en haut de sa liste noire. «Eastwood n'est pas antipathique ; ce n'est pas un acteur, aussi peut-on difficilement le trouver mauvais», écrivait-elle en ouverture de son article sur Magnum Force, de Ted Post, film qu'elle qualifiait d'ouvertement fasciste. Un peu plus loin, d'une de ses formules vipérines qui ciblaient les points vitaux de sa proie, elle donnait le coup de grâce en le qualifiant de «premier héros désincarné de l'histoire du cinéma».

Trente-huit ans plus tard, il est amusant de mesurer à quel point Eastwood est devenu un acteur, mais surtout un réalisateur «indiscutable», dont tous les films, les réussis comme les ratés, sont accompagnés d'un mécanique concert de louanges. Pour autant, il faut croire que Pauline Kael et les innombrables détracteurs de Dirty Harry ont laissé des traces dans l'esprit du cinéaste. Depuis une bonne quinzaine d'années, film après film, il ne cesse de donner au monde des gages de son humanisme, comme s'il avait encore et toujours à prouver qu'il n'est pas le robot réac, raciste et homophobe qui remplissait les salles dans les années 70.

En l'occurrence, il ne s'agit pas d'une coquetterie. Avec J. Edgar, il réalise sans doute un de ses films les plus ambitieux, bien aidé par un Leonardo DiCaprio magistral dans un registre mêlant l'antipathique au vulnérabl