Brigitte Bardot est amblyope. Elle ne voit que d'un œil, le droit. «Sa merveilleuse maladresse, sa lenteur, sa gaucherie pleine de grâce viennent de là», écrit Marie-Dominique Lelièvre (collaboratrice de Libération). Sa biographie raconte une fille des beaux quartiers qui se croyait laide, jusqu'au jour où elle croise Roger Vadim, beau comme un dieu qui roulerait en Chrysler décapotable. Leur premier échange semble avoir été écrit par Godard : Elle : «J'aime les terrasses.» Lui : «Pourquoi ?» Elle : «Il faut une raison pour aimer ?» Brigitte a 16 ans, Vadim va l'épouser, et créer BB. Il filme «le corps libre de Bardot» (1,66 m, 90-50-88), lui fait dire : «Quel cornichon, ce lapin !» réplique inoubliable de la Nouvelle Vague. Sur le tournage de Et Dieu… créa la femme, il y a Jean-Louis Trintignant. Bardot change d'amant, Vadim vogue vers Jane Fonda. Dans les cuisines des années 50, les ménagères mijotent.
«On voit une femme faire l'amour parce qu'elle en avait envie, aimer un homme puis un autre, et ne ressentir pour cela aucune honte mais au contraire un sentiment de liberté grisant», écrit Sagan, grande amie de BB qui l'appelait sa «jumelle». Yourcenar et Cocteau l'adoraient. Simone de Beauvoir l'a défendue quand des parents d'élèves l'accusèrent de pervertir la jeunesse.
Avant d'admirer Poutine, les bêtes et le Front national, elle fut une icône : «Onze ans avant Mai 68, Vadim et Ba