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Libération
Critique

«Ici-bas», jeteur de sœur

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Amen . Jean-Pierre Denis offre une tragédie mêlant folie, crise de foi et horreur de l’Occupation.
publié le 18 janvier 2012 à 0h00
(mis à jour le 18 janvier 2012 à 1h40)

Le tropisme de Jean-Pierre Denis pour les faits divers tragiques se confirme. En 2000, il réalisait les Blessures assassines, exhumant le retentissant dossier des sœurs Papin, domestiques modèles qui, en proie à une bouffée de sauvagerie, dépecèrent leur patronne et sa fille en 1933, affaire inspirant entre autres Genet, Sartre, Lacan ou Chabrol. Cette fois, le cinéaste a jeté son dévolu sur une histoire bien moins fameuse, noyée dans l'atmosphère délétère de l'Occupation. En 1944, une jeune nonne de Périgueux tombe éperdument amoureuse d'un prêtre impliqué dans la Résistance. Econduite brutalement par l'homme d'Eglise qui avait quand même pris le soin de coucher avec elle auparavant, la jeune femme finit par dénoncer le réseau à la Milice.

Enlevée et interrogée par les maquisards après qu’une de ses lettres eut été interceptée, elle admit la délation, refusa l’exil dans un carmel et fut fusillée. Quelques jours plus tard, les trente-cinq résistants qu’elle avait dénoncés furent à leur tour exécutés. Prenant ouvertement ses distances avec l’authenticité des faits et les protagonistes, ce qui est assez reposant, Jean-Pierre Denis a choisi de faire de son héroïne une femme sombrant dans la confusion entre une dévotion aveugle qui lui sert de viatique et un désir impérieux et soudain qu’elle a bien du mal à comprendre. L’adoration béate dont elle hérite, enfant, à la seule vue du curé local, se métamorphose un beau jour en un amour dévorant, non plus pour la soutane, ma