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L’aventure Antonioni

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Centenaire. Reportage en Italie autour des préparatifs d’une exposition sur l’auteur de «Blow-Up». Une plongée rafraîchissante dans les archives d’un visionnaire.
publié le 18 janvier 2012 à 0h00

Se mettre sur les traces de Michelangelo Antonioni à Ferrare, dans sa ville natale et qu'il a tant aimée, est une drôle d'activité. S'appliquant au cinéaste de L'Avventura et de l'Eclipse, l'expression elle-même a une saveur paradoxale. Les «traces», pour ce qui concerne Antonioni, renvoient d'emblée à un concept très discutable : même lorsqu'il était vivant, se mettre en quête de l'artiste ressemblait à une chasse au fantôme. Il était de nature gazeuse, de constitution embrumée et de caractère élusif. Tenter ici et maintenant de le définir renvoie à un insaisissable, qui fut la matière même de son cinéma : il filmait ce que l'on ne peut pas saisir. Alors, que peut-on espérer saisir de lui aujourd'hui, au seuil de cette année qui sera celle de son centenaire ?

La réponse sera donnée au début du mois de septembre, lorsque s’ouvrira à Ferrare la première grande exposition monographique consacrée à l’artiste. Son commissaire n’est autre que Dominique Païni, l’ancien Monsieur cinéma du Centre Pompidou, patron de la Cinémathèque à l’époque Chaillot, auteur d’une palette large d’ouvrages cinéphiles, ex-directeur de salles de quartier et même autrefois groom, à 16 ans, ce qui lui a permis de prendre, relativement jeune, une retraite méritée. Active, il va de soi : Païni, qui est aussi à l’origine du phénomène des grandes expos de cinéma, bénéficie de la réputation que lui ont value celles consacrées à Hitchcock, Cocteau ou Godard et offre désormais ses services à l