Mais c'est quoi ce fute en tartan rouge que Mikael Blomkvist-Daniel Craig porte à deux reprises dans la cabane mal chauffée qui lui sert de QG d'enquête ? Aucun souvenir de cette hérésie vestimentaire (pyjama ? jogging haute couture ?) dans Millénium, le livre. Mais gageons qu'il s'y trouve, vu la méticulosité maniaque avec laquelle le perfectionniste David Fincher colle au best-seller posthume de Stieg Larsson (50 millions d'exemplaires vendus à travers le monde).
Après une version 100% scandinave déjà bien illustrative livrée en 2009 par le Danois Niels Arden Oplev, Fincher, aidé de toute la puissance de feu hollywoodienne et d'un producteur de génie (Scott Rudin), vient écraser la concurrence suédoise sur son propre terrain, refilmant le roman à domicile mais avec des acteurs anglophones. «Je crois que le couple que forment Lisbeth Salander et le journaliste est encore plus étrange dans mon film […]. En fait, ils n'ont rien en commun, sauf leur soif de vérité», déclarait Fincher à Libération (Next du 5 novembre).
Clavier.Millénium, c'est un peu le Harry Potter des adultes, une saga des temps numériques où une partie de l'intrigue consiste à briser des codes informatiques, à fouiller les énigmes d'un passé qui ne passe pas avec les instruments de la plus cinglante modernité. Fincher veut à toute force capter l'air du temps geek, et il le fait en essayant d'être encore plus froid, imparable et design qu'un