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Libération

La contrebande et la répression des frondes

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Au XVIIIe siècle, l’opposition aux fermiers généraux est une forme de résistance à la montée en puissance d’un Etat centralisé et fort.
publié le 25 janvier 2012 à 0h00

Robin des Bois, bandit d'honneur, Louis Mandrin fut une des hautes figures d'une activité de contrebande de plus en plus organisée au fil du XVIIIe siècle. Son héroïsation est surtout posthume, via les mandrinades, ces textes qui circulent et chantent la geste d'un «enfant perdu», un révolté contre l'injustice qui fut «fameux par ses forfaits» et «grand par sa mort».

L'importance des taxes levées par les fermiers généraux et le monopole sur le sel, le tabac ou les toiles peintes (les «indiennes») ont incité des groupes d'individus à s'organiser afin de développer un «marché noir». Il s'agit tout aussi bien d'une forme de criminalité en bande que de stratégie de survie. Et comme le fait remarquer l'historienne Anne Montenach, qui travaille sur ces questions, il existe alors une forte «imbrication entre économie légale et trafics illicites».

Voltaire. La contrebande est socialement mêlée, y trempent aussi bien des négociants que des soldats du roi ou des gens proches des fermiers généraux chargés de récolter l'impôt. Il existe donc un phénomène de corruption transversale, et la situation est encore rendue plus complexe en raison des conflits qui éclatent entre les différentes instances de contrôles. C'est en particulier le cas d'un tribunal exceptionnel de Valence qui dépend du contrôleur général des impôts et non du Parlement (qui siégeait à Grenoble), tribunal de Valence qui jugea et condamna Mandrin au supplice.

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