On entre dans Sport de filles au galop et en pleine tempête : Gracieuse, farouche jeune et belle femme, claque la porte au nez de son employeur, éleveur de chevaux. On lui avait promis un cheval d'obstacles qu'elle voit vendre sous ses yeux. Elle hurle et se casse. Elle repart aussitôt à zéro : palefrenière dans un haras cossu dirigé par une maîtresse femme, Joséphine, qui tient également sous sa coupe un entraîneur allemand extrêmement convoité, le ténébreux Franz.
Si elle a dans le sang la même profonde connaissance intuitive des chevaux, Gracieuse ne partage aucun des codes sociaux, perversement noués autour de questions d’argent et de pouvoir, qui forment le socle des relations entre les membres de la société où elle atterrit, et qui d’ailleurs mettront un temps considérable à seulement la considérer.
Lourd handicap donné dès le départ, cette ignorance parfaite de Gracieuse se révélera peut-être son meilleur atout pour tout saisir à l'instinct, lequel reste fixé sur son objectif merveilleusement buté : un cheval, un cheval à soi quel que soit le chemin. Dans son mouvement général comme dans ses petites mécaniques internes, Sport de filles fait parfois l'effet d'une double et brillante traduction du monde à laquelle s'attacherait la mise en scène de Patricia Mazuy.
D’une part, un décodage des formules secrètes de la société dominante à l’intention de la démunie Gracieuse. D’autre part, un décryptage pour le spectateur de la passion équine dans son spectre l