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Angelopoulos, le Styx avant l’heure

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Fauché par un motard de la police, le cinéaste grec, âgé de 76 ans, n’a pas survécu à ses blessures.
Le cinéaste grec Théo Angélopoulos, le 21 octobre 2009 à Düsseldorf. (© AFP Volker Hartmann)
publié le 26 janvier 2012 à 0h00

Il est difficile de ne pas associer la disparition de Theo Angelopoulos à la liste des très mauvaises nouvelles qui affligent son pays, la Grèce, dont il était en quelque sorte la conscience cinématographique.

Renversé par un motard dans la soirée de mardi près d'Athènes, le cinéaste qui avait remporté la palme d'or à Cannes en 1998 pour l'Eternité et un jour, présenté par lui-même comme «une réflexion sur la mort», a succombé à ses blessures dans la nuit. L'accident s'est produit sur le plateau de tournage de ce qui devait être son prochain film, l'Autre Mer. Tandis qu'Angelopoulos tournait une séquence sur un périphérique proche de la capitale, le motard, un policier circulant à grande vitesse hors de ses heures de service, n'a pu éviter de le percuter. Une polémique s'est rapidement déclenchée dans le pays à propos du long délai d'attente de l'ambulance, qui n'est arrivée sur les lieux que quarante minutes après le drame.

Plans contemplatifs. L'importance historique de Theo Angelopoulos, dans la cinématographie de son pays comme auprès d'une certaine cinéphilie élitaire, est incontestable. Né au cinéma dans les années 70, au moment où agonisait le régime des colonels qui faisait de la Grèce l'une des dernières dictatures d'Europe occidentale, il n'eut de cesse, à travers ses films, de proposer à son peuple et à son pays une lecture politique et symbolique de la Grèce et du monde. Dès le Voyage des comédiens, réalisé en 19